La lumière

« Je suis la lumière du monde. Si vous croyez en moi, vous serez fils de la lumière. »* Matisse a compris dès 1898, les secrets de la lumière sur la couleur. Lors de son voyage de noces en Corse, il témoigne : « J’étais ébloui, tout brillait, tout était couleur, tout était lumière ! » Soixante ans plus tard, il écrit à sœur Jacques-Marie : « Je n'ai cessé de glorifier le Créateur tout au long de ma vie. Je suis allé jusqu’à Tahiti pour admirer sa jolie lumière, afin de la porter par mon travail jusqu’aux autres. Vous vivez votre vie spirituelle dans la lumière et moi ? Je ne vis que pour la lumière. » 

C’est dans le compagnonnage de sœur Jacques-Marie que Matisse devinera que la lumière a un nom : Jésus. « Il est la lumière véritable qui éclaire tout homme », dit saint Jean au début de son évangile.** Matisse demande à sœur Jacques-Marie : « Vous priez pour moi. Merci. Demandez à Dieu de me donner dans mes dernières années la lumière de l’Esprit qui me tiendra en contact avec lui, qui me permettra de rendre sa gloire évidente aux aveuglés. »

Paris-Match consacre en 1950 un long reportage à la chapelle de Vence encore en travaux. Le journaliste écrit : « La rencontre de Matisse avec l’Église catholique l’a conduit à cet ultime raffinement : s’effacer, par la couleur, derrière celui qui le dispense, le soleil. » Or ce soleil qui joue un si grand rôle en irradiant les vitraux de la chapelle de Vence, Dieu, quand il dialogue avec sainte Catherine de Sienne, révèle qu’il est l’image de son Fils. Le soleil est l'image de Jésus. « Avec mon Fils, nous sommes le même et seul soleil. Il donne la lumière au monde entier et cette lumière n’est jamais souillée. Cette lumière a en elle la couleur de votre humanité. Vous êtes les administrateurs du soleil ! » 

Que notre goût de Dieu fasse de nous des fils et des filles de la lumière, des reflets de sa beauté, des témoins de sa chaleur. 

*  Jean 12, 36
**  Jean 1, 9