Les conditions de la prière

Pour prier, il faut du silence et de la beauté. Le silence est plus évident. Difficile de parler intérieurement avec Dieu, difficile d’entendre ce qu’il veut nous murmurer dans le silence du cœur si nous sommes abrutis dans le brouhaha ! Le silence nous introduit à la paix. Pour la beauté, son utilité dans la prière est plus subtile. Pourtant, nous ressentons le besoin impérieux de rendre grâce à Dieu devant un magnifique paysage de montagne, nous éprouvons l’exultation de la présence divine face à la mer, nous avons le sentiment d’une complicité avec Dieu devant un tapis de fleurs éclatantes. 

Le lieu où nous aimons prier doit être calme, et beau. 

C’est ce qu’a compris l’un des plus grands artistes du XXe siècle, Henri Matisse. Il a consacré trois années à réaliser un lieu idéal pour la prière. C’est une chapelle tout simple et pure, consacrée à Notre-Dame du Rosaire, « la Sainte-Chapelle selon mon cœur, un élan joyeux et plein d’espoir vers la Vierge du Rosaire, mon chef-d’œuvre », affirme-t-il. 

Dans cette aventure artistique et spirituelle, il fut encouragé par une jeune Dominicaine sœur Jacques-Marie. Ensemble, ils ont rêvé d’un bâtiment édifié à Vence, au-dessus de Nice. Ce fut une réussite. Matisse, au sommet de son art, a voulu réaliser la totalité des éléments de cette chapelle pour qu’ils soient en harmonie : les vitraux, les fresques, l’autel, le chemin de croix, les bénitiers et les chasubles. Il s’est beaucoup confié à sœur Jacques-Marie.

Entrons avec lui dans la prière : « Je dis des Je vous salue Marie, des Ave. J’en dis, J’en dis ! Et quand je suis fatigué, je raconte à la Vierge tout ce qui me passe par la tête, comme si elle était là, près de moi. Sa compagnie me repose. »